Reliques de Saint Antoine abbé

saint-antoine-le-grand-arles-parousie-over-blog-fr.jpg

Reliquaire en or de Saint Antoine le Grand (XIXe siècle)

exposé en l'église Saint-Trophime d'Arles depuis 1999

 

"Si l'on en croit les écrits hagiographiques, Saint Antoine abbé mourut le 17 janvier 356 au mont Colzim.

Par souci d'humilité, il avait recommandé à Macaire et Amathas, les deux disciples qui le servirent durant les quinze dernières années de sa vie, de garder secret le lieu de sa tombe afin que son corps ne soit ni embaumé ni vénéré.

Si l'on en croit la légende, le lieu de sa sépulture resta ignoré durant cent soixante seize ans et fut mystérieusement découvert sous l'empire de Justinien. Ses restes furent alors apportés à Alexandrie et déposés dans l'église de Saint-Jean-Baptiste en 529 (comme le rapportent les martyrologes de Bédé et Usuard), ainsi que nombre d'auteurs ecclésiastiques (Victor de Tunes qui aurait assisté à cet événement, Saint-Isidore de Séville, Fréculphe).

Devant l'expansion sarrasine, son corps fut transféré à Sainte-Sophie, à Constantinople, vers l'an 670 ; il y reposa jusqu'au XIe siècle, époque à laquelle il fut transporté en Europe par un baron dauphinois, Jocelin. Les bénédictins de Montmajour entrèrent en leur possession en 1083, date à laquelle l'église de Saint-Antoine en Isère fut donnée à l'abbaye de Montmajour d'Arles.

Parallèlement à l'implantation bénédictine, et face au développement de l'ergotisme (sorte de gangrène provoquée par un champignon se développant sur le grain, particulièrement le seigle, avarié), apparut un ordre hospitalier : les frères de l'Aumône ou antonins. Une rivalité s'instaura entre les deux ordres, aboutissant à l'expulsion des bénédictins par les antonins en 1290 : fere midi ignominiose fuerunt expulsi.

Cet acte marqua l'origine de l'antagonisme entre Arles et Saint-Antoine en Isère à propos de la possession des reliques de Saint Antoine abbé. En effet, si jusqu'alors, les reliques étaient demeurées en Dauphiné, sous la garde des deux ordres (les antonins détenaient un bras, et les bénédictins le reste du corps), après 1290 les avis divergèrent. Les bénédictins affirmèrent avoir emporté avec eux la partie des reliques placée sous leur garde, alors que les antonins prétendirent qu'ils la laissèrent sur place.

Dans un premier temps, ce débat fut occulté par celui du dédommagement dû par les hospitaliers (transformés en ordre régulier) aux bénédictins en compensation de la perte du prieuré de Saint-Antoine (érigé en abbaye). Une pension annuelle de 1 300 livres tournois fut ainsi attribuée à perpétuité à Montmajour. Cela perdura pendant deux cents ans, jusqu'en juin 1490, date à laquelle une bulle papale inversa la situation en plaçant l'abbaye arlésienne sous la domination de l'abbaye dauphinoise, supprimant de ce fait la pension.

L'affaire dura jusqu'au 31 décembre 1495, date à laquelle une bulle d'Alexandre VI supprima l'union des deux abbayes.

Ce fut dans ce contexte troublé que les reliques devinrent un enjeu politique et que fut ravivée la querelle sur la légitimité de leur possession. Si leur présence à l'abbaye bénédictine d'Arles n'est attestée que par de très rares écrits, elle semble être confirmée par la découverte d'insignes de pèlerinage en plomb autour de Montmajour. Leur présence ne paraît guère trouver d'explication en dehors du contexte d'un pèlerinage.

Devant la crainte d'une tentative d'un coup de force des antonins pour prendre possession de l'abbaye arlésienne, les reliques furent solennellement transférées à Saint-Julien d'Arles, le dimanche 9 janvier 1491 (1490 si l'on considère le style calendaire de l'Annonciation). Sous cette translation, l'église Saint-Julien fut placée sous le double vocable Saint-Julien/Saint-Antoine, et Saint Antoine abbé, considéré avec Saint Marc comme un des patrons de la ville, fit l'objet d'une importante dévotion.

Sa statue ornait une des tours de la porte de la cavalerie, et sa procession était la plus importante puisqu'elle réglait, chaque année, le parcours des autres processions arlésiennes.

Son buste reliquaire en argent, qui était un des plus importants d'Arles, après avoir réchappé aux fontes d'argenterie du XVIIIe siècle, fut victime du creuset dans lequel la Révolution précipita tant d'œuvres d'art. Ses reliques furent restituées au culte par décision de la Congrégation des Rites en 1859 après bien des péripéties qui virent raviver le débat sur leur authenticité entre Arles et Saint-Antoine l'abbaye.

L'oubli dans lequel la dévotion à Saint Antoine abbé est plongée depuis un demi-siècle à Arles contraste singulièrement avec la ferveur qu'elle suscite dans le monde chrétien, tant romain qu'orthodoxe.

Ainsi, les reliques arlésiennes sont plus adorées en Italie, où la châsse est régulièrement envoyée qu'à Arles même. Souhaitons qu'à l'avenir, la fête de Saint Antoine redevienne un temps fort de l'année liturgique arlésienne et que sa châsse soit rétablie dans l'église qui l'a abritée pendant plus de cinq cents ans."

Texte de Michel Baudat, extrait du bulletin n°1 de l'Association les Amis de la Major et de Saint-Julien Saint-Antoine « Histoire, patrimoine et accueil » d'Arles du 6 janvier 2008. Publié également par la Ville d’Arles, Direction du Patrimoine.

 

Association des Amis du Vieil Arles

 

saint-antoine-reliques-arles-eglise-saint-trophime-depuis-1999.jpg

 

Prières à Saint-Antoine le Grand, l'Ermite

 

Histoire des reliques de Saint Antoine Le Grand, par Michel Baudat (1994)

 

priere-mairie-d-arles-a-marie-parousie-over-blog-fr.jpg

 

Prière de consécration à la Vierge Marie

de la Ville d’Arles (XIXème siècle)

« SAINTE VIERGE, Mère de Dieu, Reine du Ciel et de la Terre ; NOUS MAIRE ET ADJOINTS de la ville d’Arles, prosternés très-humblement à vos pieds, confian(t)s à votre bonté et à votre crédit, consignons aujourd’hui entre vos mains, au nom de tous les habitants de cette Ville, tout ce que nous possédons et posséderons dans le temps et dans l’éternité : Vous choisissant pour être auprès de Dieu notre Patron(n)e et Avocate, mettant sous votre protection nos biens, nos personnes et nos vies ; proposant de vous procurer de notre part durant toute notre vie, l’avancement de votre gloire : Nous vous supplions, Sainte Vierge, d’avoir agréable cette offrande, et de prier pour nous votre cher Fils maintenant et à l’heure de notre mort. Ainsi soit-il. »

Michel Baudat abad abate anachorète Father of All Monks Abba Antonius Anthony of Thebes Anthony the Anchorite Anthony of the Desert Anthony the Abbot Anthony of Egypt Saint Anthony Antony the Great Anthony the Great Saint Antoine le Grand abbaye antonins Association des Amis du Vieil Arles Montmajour transfert translation reliquaire reliques Arles Saint Antoine du désert Saint Antoine abbé Saint Antoine l'Ermite Saint Antoine d'Égypte

Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire
 

Créer un site internet avec e-monsite - Signaler un contenu illicite sur ce site