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Le Secret Admirable du Très Saint-Rosaire, du Père Grignion de Montfort

Le Secret Admirable du Très Saint Rosaire
pour se convertir et se sauver

De Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

ROSE BLANCHE

1. Ministres du Très-Haut, prédicateurs de la vérité, trompettes de l'Evangile, permettez-moi de vous présenter la rose blanche de ce petit livre pour mettre en votre coeur et en votre bouche les vérités qui y sont exposées simplement, sans politesse. En votre coeur, pour entreprendre vous-mêmes la sainte pratique du Rosaire et en goûter les fruits. En votre bouche, pour prêcher aux autres l'excellence de cette pratique et les convertir par ce moyen. Prenez bien garde, s'il vous plaît, de regarder comme le vulgaire, et même comme plusieurs savants orgueilleux, cette pratique comme petite et de peu de conséquence; elle est vraiment grande, sublime et divine. C'est le ciel qui nous l'a donnée, et l'a donnée pour convertir les pécheurs les plus endurcis et les hérétiques les plus obstinés. Dieu y a attaché la grâce dans cette vie et la gloire dans l'autre. Les saints l'ont pratiquée et les souverains Pontifes l'ont autorisée. Oh! qu'un prêtre et un directeur des âmes est heureux, à qui le Saint-Esprit a révélé ce secret inconnu de la plus grande partie des hommes ou qui ne le connaissent que superficiellement! S'il en reçoit la connaissance pratique, il le récitera tous les jours et le fera réciter aux autres. Dieu et sa sainte Mère verseront abondamment la grâce en son âme pour être un instrument de sa gloire; et il fera plus de fruit par sa parole, quoique simple, en un mois, que les autres prédicateurs en plusieurs années.

2. Ne nous contentons donc pas, mes chers confrères, de le conseiller aux autres; il faut que nous le pratiquions nous- mêmes. Nous pourrons être convaincus dans l'esprit de l'excellence du saint Rosaire, mais comme nous ne le pratiquerons point, on se mettra fort peu en peine de ce que nous conseillerons, car personne ne donne ce qu'il n'a pas: "Coepit Jesus facere et docere". Imitons Jésus-Christ, qui a commencé par faire ce qu'il a enseigné. Imitons l'Apôtre, qui ne connaissait et ne prêchait que Jésus-Christ crucifié. C'est ce que nous ferons en prêchant le saint Rosaire qui, comme vous verrez ci-après, n'est pas seulement une composition de Pater et d'Ave, mais un divin abrégé de la vie, de la passion, de la mort et la gloire de Jésus et Marie. Si je croyais que l'expérience que Dieu m'a donnée de l'efficace de la prédication du saint Rosaire pour convertir les âmes pût vous déterminer à prêcher le saint Rosaire malgré la mode contraire des prédicateurs, je vous dirais les conversions merveilleuses que j'ai vues arriver en prêchant le saint Rosaire; mais je me contente de vous rapporter en cet abrégé quelques histoires anciennes et bien approuvées. J'ai seulement, en votre faveur, inséré plusieurs passages latins tirés de bons auteurs qui prouvent ce que j'explique au peuple en français.

ROSE ROUGE

3. C'est à vous, pauvres pécheurs et pécheresses, qu'un plus grand pécheur que vous offre cette rose rougie du sang de Jésus-Christ pour vous fleurir et vous sauver. Les impies et pécheurs impénitents crient tous les jours: "Coronemus nos rosis": couronnons-nous de roses. Chantons aussi: Couronnons- nous des roses du saint Rosaire. Ah! que leurs roses sont bien différentes des nôtres; leurs roses sont leurs plaisirs charnels, leurs vains honneurs et leurs richesses périssables, qui seront bientôt flétries et pourries; mais les nôtres, qui sont nos Pater et nos Ave bien dits, joints avec nos bonnes oeuvres de pénitence, ne se flétriront, ni ne passeront jamais et leur éclat sera aussi brillant en cent mille ans d'ici qu'à présent. Leurs roses prétendues n'ont que l'apparence de roses, elles ne sont, dans le fond, que des épines piquantes pendant la vie par les remords de la concience, perçantes à la mort par le repentir et brûlantes à toute éternité par la rage et le desespoir. Si nos roses ont des épines, ce sont des épines de Jésus- Christ qui convertit nos épines en roses. Si nos roses piquent, elles ne piquent que pour un temps, elle ne piquent que pour nous guérir du péché et nous sauver.

4. Couronnons-nous à l'envi de telles roses du paradis, récitant tous les jours un Rosaire, c'est-à-dire trois chapelets de cinq dizaines chacun ou trois petits chapeaux de fleurs ou couronnes: 1 pour honorer les trois couronnes de Jésus et de Marie, la couronne de grâce de Jésus dans son incarnation, sa couronne d'épines dans sa passion et sa couronne de gloire dans le ciel, et la triple couronne que Marie a reçue dans le ciel de la très sainte Trinité; 2 pour recevoir de Jésus et de Marie trois couronnes, la première de mérite pendant la vie, la seconde de paix à la mort et la troisième de gloire dans le paradis. Si vous êtes fidèles à le dire, malgré la grandeur de vos péchés, dévotement jusqu'à la mort, croyez-moi: "Percipietis coronam immarcescibilem", vous recevrez une couronne de gloire qui ne se flétrira jamais. Quand vous seriez sur le bord de l'abîme, quand vous auriez déjà un pied dans l'enfer, quand vous auriez vendu votre âme au diable comme un magicien, quand vous seriez un hérétique endurci et obstiné comme un démon, vous vous convertirez tôt ou tard et vous sauverez, pourvu que, je le répète et remarquez les paroles et les termes de mon conseil, vous disiez tous les jours le saint Rosaire dévotement jusqu'à la mort pour connaître la vérité et obtenir la contrition et le pardon de vos péchés. Vous verrez en cet ouvrage plusieurs histoires de grands pécheurs convertis par la vertu du saint Rosaire. Lisez-les pour les méditer. Dieu seul.

ROSIER MYSTIQUE

5. Vous ne trouverez pas mauvais, âmes dévotes et éclairées par le Saint-Esprit, que je vous donne un petit rosier venu du ciel pour planter dans le jardin de votre âme; il n'endommagera pas les fleurs odoriférantes de vos contemplations. Il est très odoriférant et tout divin, il ne gâtera rien dans l'ordre de votre parterre; il est très pur et bien ordonné, il porte tout à l'ordre et à la pureté: il croît d'une hauteur si prodigieuse et devient d'une si grande étendue, si on l'arrose et si on le cultive comme il faut tous les jours, que non seulement il n'empêche pas, mais même conserve et perfectionne toutes les autres dévotions. Vous qui êtes spirituelles, vous m'entendez bien! Ce rosier est Jésus et Marie dans la vie, la mort et dans l'éternité.

6. Les feuilles vertes de ce rosier mystique expriment les mystères joyeux de Jésus et de Marie; les épines, les douloureux; et les fleurs, les glorieux. Les roses en boutons sont l'enfance de Jésus et de Marie; les roses ouvertes représentent Jésus et Marie dans les souffrances, et les roses épanouies montrent Jésus et Marie dans leur gloire et leur triomphe. La rose réjouit par sa beauté: voilà Jésus et Marie dans les mystères joyeux; elle pique par ses épines: les voilà dans les mystères douloureux; et elle réjouit par la suavité de son odeur: les voilà enfin dans les mystères glorieux. Ne méprisez donc pas ma plante heureuse et divine, plantez-la vous-mêmes en votre âme en prenant la résolution de réciter votre Rosaire; cultivez-la et arrosez-la en le récitant fidèlement tous les jours et en faisant de bonnes oeuvres, et vous verrez que ce grain qui paraît présentement si petit deviendra avec le temps un grand arbre où les oiseaux du ciel, c'est-à-dire les âmes prédestinées et élevées en contemplation, feront leur nid et leur demeure pour être, sous l'ombre de ses feuilles, garanties des ardeurs du soleil, pour être préservées par sa hauteur des bêtes féroces de la terre, et enfin pour être délicatement nourries par son fruit qui n'est autre que l'adorable Jésus, auquel soit honneur et gloire dans les siècles des siècles. Amen. Ainsi soit-il. Dieu seul.

BOUTON DE ROSE

7. Je vous offre, mes petits enfants, un beau bouton de rose; c'est un des petits grains de votre chapelet qui vous paraît si peu de chose! Que ce grain est précieux! Oh! que ce bouton de rose est admirable, oh! qu'il s'épanouira large si vous dites dévotement vote Ave Maria! Ce serait trop vous demander que de vous conseiller un Rosaire tous les jours. Dites au moins votre chapelet tous les jours bien dévotement, qui est un petit chapeau de roses que vous mettrez sur la tête de Jésus et de Marie. Croyez-moi, écoutez la belle histoire et la retenez bien.

8. Deux petites filles, toutes deux soeurs, étant à la porte de leur logis à dire le chapelet dévotement, une belle dame s'apparut à elles, approche de la plus jeune qui n'avait que six à sept anas, la prit par la main et l'emmène. Sa soeur aînée, toute étonnée, la cherche et ne l'ayant pu trouver s'en vint toute éplorée à la maison et dit qu'on avait emporté sa soeur. Le père et la mère cherchèrent inutilement pendant trois jours. Au bout du troisième jour, ils la trouvèrent à la porte avec un visage gai et joyeux; ils lui demandèrent d'où elle venait; elle dit que la dame à laquelle elle disait son chapelet l'avait emmenée dans un beau lieu et lui avait donné à manger de bonnes choses et lui avait mis entre les bras un joli petit enfant qu'elle avait tant baisé. Le père et la mère, qui étaient nouvellement convertis à la foi, firent venir le révérend père jésuite qui les avait instruits dans la foi et la dévotion du Rosaire, ils lui racontèrent ce qui s'était passé. C'est de lui que nous l'avons su. Ceci est arrivé dans le Paraguay. Imitez, mes petits enfants, ces petites filles, et dites comme elle tous les jours votre chapelet, et vous mériterez par là d'aller en paradis et de voir Jésus et Marie, sinon pendant la vie, du moins après la mort pendant l'éternité. Ainsi soit-il. Que les savants donc et les ignorants, que les justes et les pécheurs, que les grands et les petits louent et saluent jour et nuit par le saint Rosaire Jésus et Marie. "Salutate Mariam, quae multum laboravit in vobis" (Rm 16,6)

PREMIERE DIZAINE


L'excellence du saint Rosaire dans son origine et son nom.

1ère Rose 9. Le Rosaire renferme deux choses, savoir: l'oraison mentale et l'oraison vocale. L'oraison mentale du saint Rosaire n'est autre que la méditation des principaux mystères de la vie, de la mort et de la gloire de Jésus-Christ et de sa très sainte Mère. L'oraison vocale du Rosaire consiste à dire quinze dizaines d'Ave Maria précédées par un Pater pendant qu'on médite et qu'on contemple les quinze vertus principales que Jésus et Marie ont pratiquées dans les quinze mystères du saint Rosaire. Dans le premier chapelet, qui est de cinq dizaines, on honore et on considère les cinq mystères joyeux; au second les cinq mystères douloureux, et au troisième les cinq mystères glorieux. Ainsi le saint Rosaire est un sacré composé de l'oraison vocale et mentale pour honorer et imiter les mystères et les vertus de la vie, de la mort et de la passion et de la gloire de Jésus-Christ et de Marie.

2 Rose 10. Le saint Rosaire dans son fond et dans sa substance étant composé de la prière de Jésus-Christ et de la Salutation angélique, savoir le Pater et l'Ave, et de la méditation des mystères de Jésus et de Marie, c'est sans doute la première prière et la première dévotion des fidèles, qui depuis les apôtres et les disciples a été en usage de siècle en siècle jusqu'à nous.

11. Cependant le saint Rosaire, dans sa forme et la méthode dont on le récite à présent, n'a été inspiré à son Eglise, donné de la très sainte Vierge à saint Dominique pour convertir les hérétiques albigeois et les pécheurs, qu'en l'an 1214, de la manière que je vais dire, comme le rapporte le bienheureux Alain de la Roche dans son fameux livre intitulé: "De Dignitate psalterii". Saint Dominique, voyant que les crimes des hommes mettaient obstacle à la conversion des Albigeois, entra dans une forêt proche de Toulouse et y passa trois jours et trois nuits dans une continuelle oraison et pénitence; il ne cessait de gémir, de pleurer et de se macérer le corps à coups de discipline, afin d'apaiser la colère de Dieu, de sorte qu'il tomba à demi mort. La Sainte Vierge lui apparut, accompagnée de trois princesses du ciel et lui dit: "Sais-tu, mon cher Dominique, de quelle arme la Sainte-Trinité s'est servie pour réformer le monde? - O Madame, répondit-il, vous le savez mieux que moi, car après votre Fils Jésus-Christ vous avez été le principal instrument de notre salut." Elle ajouta: "Sache que la principale pièce de batterie a été le psautier angélique, qui est le fondement du Nouveau Testament; c'est pourquoi, si tu veux gagner à Dieu ces coeurs endurcis, prêche mon psautier." Le saint se leva tout consolé et, brûlant du zèle du salut de ces peuples, il entra dans l'église cathédrale; incontinent les cloches sonnèrent par l'entremise des anges pour assembler les habitants, et au commencement de la prédication un orage effroyable s'éleva; la terre trembla, le soleil s'obscurcit, les tonnerres et les éclairs redoublés firent pâlir et trembler tous les auditeurs; et leur terreur augmenta quand ils virent une image de la Sainte Vierge exposée sur un lieu éminent, lever les bras par trois fois vers le ciel pour demander vengeance à Dieu contre eux, s'ils ne se convertissaient et ne recouraient à la protection de la sacrée Mère de Dieu. Le ciel voulait par ces prodiges augmenter la nouvelle dévotion du saint Rosaire et la rendre plus fameuse. L'orage cessa enfin par les prières de saint Dominique. Il poursuivit son discours et expliqua avec tant de ferveur et de force l'excellence du saint Rosaire, que les Toulousains l'embrassèrent presque tous et renoncèrent presque tous à leurs erreurs, et l'on vit, en peu de temps, un grand changement de moeurs et de vie dans la ville.

3 Rose 12. Cet établissement miraculeux du saint Rosaire, qui a quelque rapport avec la manière dont Dieu donna sa loi au monde sur la montagne de Sinaï, montre évidemment l'excellence de cette divine pratique; aussi saint Dominique, inspiré du Saint-Esprit, instruit par la Sainte Vierge et par sa propre expérience, prêcha tout le reste de sa vie le saint Rosaire par exemple et de vive voix dans les villes et les campagnes, devant les grands et les petits, devant les savants et les ignorants, devants les catholiques et les hérétiques. Le saint Rosaire, qu'il récitait tous les jours, était sa préparation devant la prédication et son rendez-vous après la prédication.

13. Lorsque le saint était, un jour de Saint-Jean l'Evangéliste, à Notre-Dame de Paris, derrière le grand autel, dans une chapelle, pour se préparer à prêcher, en récitant le saint Rosaire, la Sainte Vierge lui apparut et lui dit: "Dominique, quoique ce que tu as préparé pour prêcher soit bon, voici pourtant un sermon bien meilleur que je t'apporte." Saint Dominique reçoit de ses mains le livre où était ce sermon, le lit, le goûte et le comprend, en rend grâce à la Sainte Vierge. L'heure du sermon arrivé, il monte en chaire et, après n'avoir dit à la louange de saint Jean l'Evangéliste autre chose sinon qu'il avait mérité d'être le gardien de la Reine du ciel, il dit à toute l'assemblée des grands et des docteurs qui étaient venus l'entendre, qui étaient accoutumés à n'entendre que des discours curieux et polis, mais que, pour lui, il ne parlerait point dans les paroles savantes de la sagesse humaine, mais dans la simplicité et la force du Saint- Esprit. Alors saint Dominique leur prêcha le saint Rosaire et leur expliqua mot à mot, comme à des enfants, la Salutation angélique, en se servant des comparaisons fort simples qu'il avait lues dans le papier que lui avait donné la Sainte Vierge.

14. Voici les propres paroles du savant Cartagène qu'il a tirées en partie du livre du bienheureux Alain de la Roche intitulé "De Dignitate psalterii": B. Alanus Patrem sanctum Dominicum sibi haec in revelatione dixisse testatur: "Tu praedicas, fili, sed uti caveas ne potius laudem humanam quaerans quam animarum fructum, audi quid mihi Parisiis contigit. Debebam in majori ecclesia beatae Mariae praedicare, et volebam curiose non jactantiae causa, sed propter astantium facultatem et dignitatem. Cum igitur more meo per horam fere ante sermonem in psalterio meo (Rosarium intelligit) quadam capilla post altare majus orarem, subito factus in raptum, cernebam amicam meam Dei Genitricem afferentem mihi libellum et dicentem: "Dominice, et si bonum est quod praedicare disposuisti sermonem, tamen longe meliorem attuli." Laetus librum capio, lego constanter, ut dixit, reperio, gratias ago, adest hora sermonis, adest parisiensis Universitas tota, dominorumque numerus magnus. Audiebant quippe et videbant signa magna quae per me Dominus operabatur; itaque ambonem ascendo. Festum est sancti Joannis Evangelistae. De eo aliud non dico nisi quod custos singularis esse meruit Reginae coeli. Deinde auditores sic alloquor: Domini et Magistri praestantissimi, aures reverentiae vestrae solitae sunt curiosos audire sermones et auscultare. At nunc ego non in doctis humanae sapientiae verbis, sed in ostentione spiritus et virtutis loquar." Tunc, ait Carthagena post beatum Alanum, stans Dominicus eis explicavit Salutationem angelicam comparationibus et similitudinibus familiaribus hoc modo.

15. Et le bienheureux Alain de la Roche, comme dit le même Cartagène, rapporte plusieurs autres apparitions de Notre- Seigneur et de la Sainte Vierge à saint Dominique pour le preser et l'animer de plus en plus à prêcher le saint Rosaire, afin de détruire le péché et de convertir les pécheurs et les hérétiques: il dit en un endroit: "Beatus Alanus dicit sibi a beata Virgine revelatum fuisse Christum Filium suum apparuisse post se sancto Dominico et ipsi dixesse: "Dominice, gaudeo quod non confidas in tua sapientia, sed cum humilitate potius affectas salvare animas quam vanis hominibus placere. Sed multi praedicatores statim volunt contra gravissima peccata instare, ignorantes quod ante gravem medicinam debet fieri praeparatio, ne medicina sit inanis et vacua: quapropter prius homines debent induci ad orationis devotionem et signanter ad psalterium meum angelicum; quoniam, si omnes coeperint hoc orare, non dubium est quin perseverantibus aderit pietas divinae clementiae. Praedica ergo psalterium meum".

16. Il dit dans un autre endroit: "Omnes sermocinantes et praedicantes christicolis exordium pro gratia impetranda a Salutatione angelica faciunt. Hujus rei ratio sumpta est ex revelatione facta beato Dominico cui beata Virgo dixit: "Dominice, fili, nil mireris quod concionando minime proficias. Enimvero aras solum a pluvia non irrigatum. Scitoque, cum Deus renovare decrevit mundum Salutationis angelicae pluviam praemisit; sicque ipse in melius est reformatus. - Hortare igitur homines in concionibus ad Rosarii mei recitationen, et magnos animarum fructus colliges." Quod sanctus Dominicus strenue executus uberes ex suis concionibus animarum fructus retulit."

17. J'ai pris plaisir à rapporter mot à mot ces passages latins de ces bons auteurs en faveur des prédicateurs et personnes savantes qui pourraient révoquer en doute la merveilleuse vertu du saint Rosaire. Pendant qu'à l'exemple de saint Dominique les prédicateurs prêchaient la dévotion du saint Rosaire, la piété et la ferveur florissaient dans les ordres religieux qui pratiquaient cette dévotion, et dans le monde chrétien; mais depuis qu'on eut négligé ce présent venu du ciel, on ne vit que péchés et que désordres partout.

4 Rose 18. Comme toutes choses, même les plus saintes, quand particulièrement elles dépendent de la volonté des hommes, sont sujettes aux changements, il ne faut pas s'étonner si la confrérie du saint Rosaire n'a subsisté en sa première ferveur qu'environ cent ans, après son institution; ainsi, elle a été presque ensevelie dans l'oubli. Outre que la malice et l'envie du démon a sans doute beaucoup contribué à faire négliger le saint Rosaire pour arrêter le cours des grâces de Dieu que cette dévotion attirait au monde. En effet, la justice divine affligea tous les royaumes de l'Europe l'an 1349 de la plus terrible peste que l'on ait jamais vue, laquelle, du levant, se répandit dans l'Italie, l'Allemagne, la France, la Pologne, la Hongrie, et de là presque toutes ces terres furent dévastées, car de cent hommes à peine en restait-il un en vie; les villes, les bourgs, les villages et les monastères furent entièrement désertés pendant trois ans que dura cette contagion. Et ce fléau de Dieu fut suivi de deux autres: de l'hérésie des Flagellants et d'un malheureux schisme en 1376.

19. Après que, par la miséricorde de Dieu, ces misères eurent cessé, la sainte Vierge ordonna au bienheureux Alain de la Roche, célèbre docteur et fameux prédicateur de l'ordre de Saint-Dominique du couvent de Dinan en Bretagne, de renouveler l'ancienne confrérie du saint Rosaire, afin que, comme cette célèbre confrérie avait pris naissance en cette province, un religieux de la même province eût l'honneur de la rétablir. Ce bienheureux Père commença à travailler à ce grand ouvrage l'an 1460, après particulièrement que Notre-Seigneur Jésus-Christ, comme il rapporte de lui-même, lui ayant dit un jour dans la sainte Hostie, lorsqu'il célébrait la sainte Messe afin de le déterminer à prêcher le saint Rosaire: "Quoi donc, lui dit Jésus-Christ, tu me crucifie encore derechef! - Comment, Seigneur? répondit le bienheureux Alain tout épouvanté.- Ce sont les péchés qui me crucifient, lui répondit Jésus-Christ, et j'aimerais mieux être crucifié encore une fois que de voir mon Père offensé par les péchés que tu as autrefois commis. Et tu me crucifies encore à présent, parce que tu as la science et ce qui est nécessaire pour prêcher le Rosaire de ma Mère et par ce moyen instruire et retirer plusieurs âmes du péché; et tu les sauverais et tu empêcherais de grands maux; et ne le faisant pas, tu es coupable des péchés qu'ils commettenmt." Ces terribles reproches firent résoudre le bienheureux Alain de prêcher incessamment le Rosaire.

20. La Sainte Vierge lui dit aussi un jour, pour l'animer de plus en plus à prêcher le saint Rosaire: "Tu as été un grand pécheur en ta jeunesse, mais j'ai obtenu de mon fils ta conversion, j'ai prié pour toi et j'ai désiré, s'il eût été possible, toutes sortes de peines pour te sauver parce que les pécheurs convertis sont ma gloire, et pour te rendre digne de prêcher partout mon Rosaire." Saint Dominique, lui découvrant les grands fruits qu'il avait faits parmi les peuples par cette belle dévotion qu'il leur prêchait continuellement, lui disait: "Vides quomodo profecerim in sermone isto; id etiam facies et tu, et omnes Mariae amatores, ut sic trahatis omnes populos ad omnem scientiam virtutum." "Voyez le fruit que j'ai fait par la prédication du saint Rosaire; faites-en de même, vous et tous les autres qui aimez la sainte Vierge, afin que vous attiriez, par ce saint exercice du Rosaire, tous les peuples à la véritable science des vertus." Voilà en abrégé ce que l'histoire nous apprend de l'établissement du saint Rosaire par saint Dominique et de sa rénovation par le bienheureux Alain de la Roche.

5 Rose 21. Il n'y a à proprement parler qu'une sorte de confrérie du Rosaire composé de 150 Ave Maria; mais par rapport à la ferveur des différentes personnes qui le pratiquent, il y en a de trois sortes, savoir: le Rosaire commun ou ordinaire, le Rosaire perpétuel et le Rosaire quotidien. La confrérie du Rosaire ordinaire n'exige qu'on le récite qu'une fois par semaine. Celle du Rosaire perpétuel qu'une fois par an, mais celle du Rosaire quotidien demande qu'on le dise tous les jours tout entier, c'est-à-dire 150 Ave Maria. Aucun de ces Rosaires n'engage à péché, pas même véniel, si on vient à y manquer, parce que cet engagement est volontaire et de surérogation; mais il ne faut pas s'enrôler dans la confrérie si on n'a pas la volonté déterminée à le réciter selon que la confrérie le demande autant qu'on le pourra sans manquer aux obligations de l'état. Ainsi lorsque la récitation du saint Rosaire se trouve en concurrence avec une action à laquelle l'état engage, on doit préférer cette action au Rosaire, quelque saint qu'il soit. Lorsque dans la maladie on ne peut le dire ni tout entier ni en partie, sans augmenter son mal, on n'y est pas obligé. Lorsque par une obéissance légitime, ou par un oubli involontaire, ou par une nécessité pressante, on n'a pas pu le dire il n'y a aucun péché, même véniel; on ne laisse pas de participer aux grâces et aux mérites des autres frères et soeurs du saint Rosaire qui le disent dans le monde. Chrétien, si vous manquez même de le dire par pure négligence, sans aucun mépris formel, vous ne péchez pas aussi, absolument parlant, mais vous perdez la participation des prières et des bonnes oeuvres et mérites de la confrérie, et par votre infidélité en choses petites et de surérogation, vous tomberez insensiblement dans l'infidélité aux choses grandes et d'obligation essentielle; car: "Qui spernit modica paulatim decidet".

6 Rose 22. Depuis le temps que saint Dominique a établi cette dévotion jusqu'à l'an 1460, que le bienheureux Alain de la Roche, par l'ordre du ciel, l'a renouvelée, on l'appelle le psautier de Jésus et de la sainte Vierge, parce qu'elle contient autant de Salutations angéliques que le psautier de David contient de psaumes, et que, les simples et les ignorants ne pouvant pas réciter le psautier de David, on trouve dans la récitation du saint Rosaire un fruit égal à celui qu'on tire de la récitation des psaumes de David et même encore un plus abondant: 1 Parce que le psautier angélique a un fruit plus noble, savoir: le Verbe incarné, au lieu que le psautier de David ne fait que le prédire; 2 Comme la vérité surpasse la figure et le corps l'ombre, de même le psautier de la sainte Vierge surpasse le psautier de David qui n'en a été que l'ombre et la figure; 3 Parce que la Sainte-Trinité a immédiatement fait le psautier de la sainte Vierge ou le Rosaire composé du Pater et de l'Ave. Voici ce que le savant Cartagène rapporte sur ce sujet: "Sapientissimus Aquensis, libro ejus de Rosacea Corona ad Imperatorun Maximilianum conscripto, dicit: "Salutandae Mariae ritus novitiis inventis haud quaquam adscribitur. Si quidem cum ipsa pene ecclesia pullulavit; nam cum inter ipsa nascentis ecclesiae primordia, perfectiores quoque fideles tribus illis Davidicorum psalmorum quinquagenis, divinas laudes assidue celebrarent, ad rudiores quoque qui modo arctius divinis vacabant piis moris aemulatio est derivata... rati id quod erat, cuncta illorum sacramenta psalmorum in coelesti hoc elogio delitescere, si quidem eum quem psalmi venturum concinunt, hunc jam adesse, haec formula nuntiavit; sicque trinas salutationum quinquagenas "Mariae Psalterium" appellare coeperunt, oratione utique dominica in singulas decades ubique preposita prout a psalmidicis observari ante adverterunt."

23. Le psautier ou le Rosaire de la sainte Vierge est divisé en trois chapelets de cinq dizaines chacun: 1 pour honorer les trois personnes de la Sainte-Trinité; 2 pour honorer la vie, la mort et la gloire de Jésus-Christ; 3 pour imiter l'Eglise triomphante, pour aider la militante et soulager la souffrante; 4 pour imiter les trois parties des psaumes dont la première est pour la voie purgative, la seconde pour la vie illuminative et la troisième pour la vie unitive; 5 pour nous remplir de grâces pendant la vie, de paix à la mort et de gloire dans l'éternité.

7 Rose 24. Depuis que le bienheureu Alain de la Roche a renouvelé cette dévotion, la voix publique, qui est la voix de Dieu, lui a donné le nom de Rosaire qui signifie couronne de roses; c'est-à-dire que toutes les fois que l'on dit comme il faut son Rosaire, on met sur la tête de Jésus et de Marie une couronne composée de cent-cinquante-trois roses blanches et de 16 roses rouges du paradis, lesquelles ne perdront jamais ni leur beauté ni leur éclat. La Sainte Vierge a approuvé et condfirmé ce nom de rosaire, révélant à plusieurs qu'ils lui présentaient autant d'agréables roses qu'ils réciteront d'Ave Maria en son honneur et autant de couronnes de roses qu'ils diront de Rosaires.

25. Le frère Alphonse Rodriguez, de la Compagnie de Jésus, récitait son Rosaire avec tant d'ardeur qu'il voyait souvent, à chaque Pater, sortir de sa bouche une rose vermeille, et à chaque Ave Marie une blanche égale en beauté et en bonne odeur et seulement différente de couleur. Les chroniques de saint François racontent qu'un jeune religieux avait cette louable coutume de dire tous les jours avant son repas la couronne de la sainte Vierge. Un jour, par je ne sais quel accident, il y manqua; le dîner étant sonné, il pria le supérieur de lui permettre de la réciter avant que d'aller à table. Avec cette permission, il se retira dans sa chambre; mais comme il tardait trop, le supérieur envoya un religieux pour l'appeler. Ce religieux le trouva dans sa chambre, tout éclatant d'une céleste lumière, et la sainte Vierge avec deux anges auprès de lui; à mesure qu'il disait un Ave Maria, une belle rose sortait de sa bouche, les anges prenaient les roses l'une après l'autre et les mettaient sur la tête de la sainte Vierge qui en témoignait de l'agrément. Deux autres religieux envoyés pour voir la cause du retardement des autres virent tout ce mystère, et la sainte Vierge ne disparut point que la couronne ne fût récitée. Le Rosaire est donc une grande couronne et le chapelet un petit chapeau de fleurs ou petite couronne de roses célestes qu'on met sur la tête de Jésus et de Marie. La rose est la reine des fleurs, de même le Rosaire est la rose et la première des dévotions.

8 Rose 26. Il n'est pas possible d'exprimer combien la sainte Vierge estime le Rosaire sur toutes les dévotions et combien elle est magnifique à récompenser ceux qui travaillent à le prêcher, l'établir et le cultiver; et au contraire combien elle est terrible contre ceux qui veulent s'y opposer. Saint Dominique n'a eu rien tant à coeur pendant sa vie que de louer la sainte Vierge, de prêcher ses grandeurs et d'animer tout le monde à l'honorer par son Rosaire. Cette puissante Reine du ciel n'a cessé aussi de répandre sur ce saint des bénédictions à pleines mains; et elle a couronné ses travaux de mille prodiges et miracles, il n'a jamais rien demandé à Dieu qu'il ne l'ait obtenu par l'intercession de la sainte Vierge; et, pour comble de faveur, elle l'a rendu victorieux de l'hérésie del Albigeois et fait père et patriarche d'un grand ordre.

27. Que dirai-je du bienheureux Alain de la Roche, réparateur de cette dévotion? La sainte Vierge l'a honoré plusieurs fois de sa visite pour l'instruire des moyens de faire son salut, de se rendre bon prêtre, parfait religieux et imitateur de Jésus-Christ. Pendant les tentations et les persécutions horribles des démons qui le réduisaient à une extrême tristesse et presque au désespoir, elle le consolait et dissipait par sa douce présence tous ces nuages et ces ténèbres. Elle lui a enseigné la méthode de dire le Rosaire, ses excellences et ses fruits; elle l'a favorisé de la glorieuse qualité de son nouvel époux, et pour gage de ses chastes affections, elle lui a mis une bague au doigt, un collier fait de ses cheveux au col, et lui a donné un Rosaire. L'abbé Tritème, le docte Cartagène, le savant Martin Navarre et les autres en parlent avec éloges. Après avoir attiré à la confrérie du Rosaire plus de cent mille âmes, il mourut à Zwolle, en Flandre, le 8 septembre 1475.

28. Le démon, jaloux des grands fruits que le bienheureux Thomas de Saint-Jean, célèbre prédicateur du saint Rosaire, faisait par cette pratique, le réduisait, par ses mauvais traitements, à une longue et fâcheuse maladie dans laquelle il fut désespéré des médecins. Une nuit qu'il croyait infailiblement mourir, le démon lui apparut sous une figure épouvantable; mais élevant directement les yeux et le coeur vers une image de la sainte Vierge qui était près de son lit, il cria de toutes ses forces: "Aidez-moi, secourez-moi, ô ma très douce Mère!". A peine eut-il achevé ces paroles, que la sainte Vierge lui tendit la main de la sainte image, lui serra le bras en lui disant: "Ne crains point, mon fils Thomas, me voici à ton secours; lève-toi et continue de prêcher la dévotion de mon Rosaire comme tu as commencé. Je te défendrai contre tous tes ennemis." A ces paroles de la sainte Vierge, le démon prit la fuite. Le malade se leva en parfaite santé, et il rendit grâces à sa bonne Mère avec un torrent de larmes, et continua de prêcher le Rosaire avec un succès merveilleux.

29. La sainte Vierge ne favorise pas seulement les prédicateurs du Rosaire, elle récompense aussi glorieusement ceux qui, par leur exemple, attirent les autres à cette dévotion. Alphonse, roi de Léon et de Galice, désirant que tous ses domestiques honorassent la sainte Vierge par le Rosaire, s'avisa, pour les y animer par son exemple, de porter un gros Rosaire à son côté, mais sans le réciter pourtant: ce qui obligea tous les gens de sa cour à le dire dévotement. Le roi tomba malade à l'extrémité et lorsqu'on le croyait mort, il fut ravi en esprit au tribunal de Jésus-Christ. Il vit les diables qui l'accusaient de tous les crimes qu'il avait commis et le juge étant sur le point de le condamner aux peines éternelles, la sainte Vierge se présenta en sa faveur devant son Fils; on apporta une balance, on mit tous les péchés du roi dedans un bassin, et la sainte Vierge mit le gros Rosaire qu'il avait porté en son honneur et avec ceux qu'il avait fait dire par son exemple, qui pesa plus que tous ses péchés, et puis, le regardant d'un oeil favorable, elle lui dit: "J'ai obtenu de mon Fils, pour récompense du petit service que tu m'as rendu en portant le Rosaire, le prolongement de ta vie pour quelques années. Emploie-les bien, et fais pénitence." Le roi, revenu de ce ravissement, s'écria: "O bienheureux Rosaire de la sainte Vierge, par lequel j'ai été délivré de la damnation éternelle." Après qu'il eut recouvré la santé, il passa le reste de sa vie dans la dévotion du saint Rosaire et le récitait tous les jours. Que les dévots de la sainte Vierge tâchent de gagner le plus qu'ils pourront de fidèles à la confrérie du saint Rosaire, à l'exemple de ces saints et de ce roi; ils auront ici-bas ses bonnes grâces et la vie éternelle. Qui elucidant me vitam aeternam habebunt.

9 Rose 30. Mais, voyons maintenant quelle injustice c'est d'empêcher le progrès de la confrérie du saint Rosaire et quels sont les châtiments dont Dieu a puni plusieurs malheureux qui ont méprisé et voulu détruire la confrérie du saint Rosaire. Quoique la dévotion du saint Rosaire ait été autorisée du ciel par plusieurs prodiges et qu'elle soit approuvée de l'Eglise par plusieurs bulles des papes, il ne se trouve que trop de libertins, d'impies et d'esprits forts du temps, qui tâchent ou de décrier la confrérie du saint Rosaire, ou d'en éloigner du moins les fidèles. Il est aisé de connaître que leurs langues sont infectées du venin de l'enfer et qu'ils sont poussés par l'esprit malin; car nul ne peut désapprouver la dévotion du saint Rosaire, qu'il ne condamne ce qu'il y a de plus pieux dans la religion chrétienne, savoir: l'Oraison dominicale, la Salutation angélique, les mystères de la vie, de la mort et de la gloire de Jésus-Christ et de sa sainte Mère. Ces esprits forts, qui ne peuvent souffrir qu'on dise le Rosaire, souvent tombent, sans y penser, dans le sens réprouvé des hérétiques qui ont en horreur le chapelet et le Rosaire. C'est s'éloigner de Dieu et de la vraie piété que d'abhorrer les confréries, puisque Jésus-Christ nous assure qu'il se trouve au milieu de ceux qui sont assemblés en son nom. Ce n'est pas être bon catholique que de négliger tant et de si grandes indulgences que l'Eglise accorde aux confréries. Enfin c'est être ennemi du salut des âmes, de dissuader les fidèles d'être du saint Rosaire, puisque, par ce moyen, ils quittent le parti du péché pour embrasser la piété. Si saint Bonaventure a eu raison de dire que celui-là mourra en son péché et sera damné qui aura négligé la sainte Vierge: "Qui negligerit illam morietur in peccatis suis" (in psalterio suo), quels châtiments doivent attendre ceux qui détournent les autres de sa dévotion!...

10 Rose 31. Lorsque saint Dominique prêchait cette dévotion dans Carcassone, un hérétique tournait en ridicule ses miracles et les 15 mystères du saint Rosaire, ce qui empêchait la conversion des hérétiques. Dieu, pour punir cet impie, permit à quinze mille démons d'entrer en son corps; ses parents l'amenèrent au bienheureux Père pour le délivrer de ces malins esprits. Il se mit en oraison et exhorta toute la compagnie de réciter avec lui le Rosaire tout haut, et voilà qu'à chaque Ave Maria, la sainte Vierge faisait sortir cent démons du corps de cet hérétique en forme de charbons ardents. Après qu'il fut délivré, il abjura ses erreurs, se convertit et se fit enrôler en la confrérie du Rosaire avec plusieurs de son parti qui furent touchés de ce châtiment et de la vertu du Rosaire.

32. Le docte Cartagène, de l'ordre de Saint-François, avec plusieurs auteurs, rapporte que l'an 1482, lorsque le vénérable Père Jacques Sprenger et ses religieux travaillaient avec grand zèle à rétablir la dévotion et la confrérie du saint Rosaire dans la ville de Cologne, deux fameux prédicateurs, jaloux des grands fruits qu'ils faisaient par cette pratique, tâchaient de la décrier par leurs sermons, et comme ils avaient du talent, et un grand crédit, ils dissuadaient beaucoup de personnes de s'y enrôler; l'un de ces prédicateurs, pour mieux venir à bout de son pernicieux dessein, prépara un sermon exprès et l'assigna à un jour de dimanche. L'heure du sermon étant venue le prédicateur ne paraissait point; on l'attendit, on le chercha, et enfin on le trouva mort sans avoir été secouru de personne. L'autre prédicateur, se persuadant que cet accident était naturel, résolut de suppléer à son défaut pour abolir la confrérie du Rosaire. Le jour et l'heure du sermon étant arrivés, Dieu châtia ce prédicateur d'une paralysie qui lui ôta le mouvement et la parole. Il reconnut sa faute et celle de son compagnon, il eut recours à la sainte Vierge dans son coeur, lui promettant de prêcher partout le Rosaire avec autant de force qu'il l'avait combattu. Il la pria de lui rendre pour cela la santé et la parole, ce que la sainte Vierge lui accorda, et se trouvant subitement guéri il se leva comme un autre Saul, de persécuteur devenu défenseur du saint Rosaire. Il fit réparation publique de sa faute, et prêcha avec beaucoup de zèle et d'éloquence l'excellence du saint Rosaire.

33. Je ne doute point que les esprits forts et critiques de ce temps, qui liront les histoires de ce petit traité, ne les révoqueront en doute, comme ils ont toujours fait, quoique je n'aie fait autre chose que les transcrire de très bons auteurs contemporains et en partie dans un livre nouvellement composé par le Révérend Père Antonin Thomas, de l'ordre des frères prêcheurs, intitulé: "Le Rosier mystique". Tout le monde sait qu'il y a trois sorte de foi aux histoires différentes. Nous devons aux histoires de l'Ecriture sainte une foi divinie; aux histoires profanes qui ne répugnent point à la raison et écrites par de bons auteurs, une foi humaine; et aux histoires pieuses rapportées par de bons auteurs et nullement contraires à la raison, à la foi ni aux bonnes moeurs, quoiqu'elles soient quelquefois extraordinaires, une foi pieuse; j'avoue qu'il ne faut être ni trop crédule ni trop critique, et qu'il faut tenir le milieu en tout pour trouver le point de la vérité et de la vertu; mais aussi je sais que, comme la charité croit facilement tout ce qui n'est point contraire à la foi ni aux bonnes moeurs: Charitas omnia credit, de même l'orgueil porte à nier presque toutes les histoires bien avérées, sous prétexte qu'elles ne sont point dans l'Ecriture sainte. C'est le piège de Satan, où les hérétiques qui nient la tradition sont tombés, et où les critiques du temps tombent insensiblement, ne croyant pas ce qu'ils ne comprennent pas, ou ce qui ne leur revient pas, sans aucune autre raison que l'orgueil et la suffisance de leur propre esprit.

DEUXIEME DIZAINE


L'excellence du saint Rosaire dans les prières dont il est composé.

11 Rose 34. Le Credo ou le Symbole des Apôtres qu'on récite sur la croix du Rosarie ou du chapelet, étant un sacré raccourci et abrégé des vérités chrétiennes, est une prière d'un grand mérite, parce que la foi est la base, le fondement et le commencement de toutes les vertus chrétiennes, de toutes les vertus éternelles et de toutes les prières que Dieu a pour agréables. "Accedentem ad Deum credere oportet". Il faut que celui qui s'approche de Dieu par la prière commence par croire, et plus il aura de foi, et plus sa prière aura de force et de mérite en elle-même et rendra de gloire à Dieu. Je ne m'arrêterai pas à expliquer les paroles du Symbole des Apôtres; mais je ne puis m'empêcher de déclarer que ces trois premières paroles: "Credo in Deum: Je crois en Dieu", renfermant les actes des trois vertus théologales: la foi, l'espérance et la charité, ont une efficace merveilleuse pour sanctifier l'âme et terrasser le démon. C'est avec ces paroles que plusieurs saints ont vaincu les tentations, particulièrement celles qui sont contre la foi, l'espérance ou la charité, soit pendant la vie, soit à l'heure de la mort. Ce furent les dernières paroles que saint Pierre le martyr écrivit le mieux qu'il put avec le doigt sur le sable, lorsque ayant la tête fendue en deux par un coup de sabre qu'un hérétique lui donna, il était près d'expirer.

35. Comme la foi est la seule clef qui nous fait entrer dans tous les mystères de Jésus et de Marie renfermés au saint Rosaire, il faut le commencer en récitant le Credo avec une grande attention et dévotion, et plus notre foi sera vive et forte, et plus le Rosaire sera méritoire. Il faut que cette foi soit vive et animée par la charité, c'est-à-dire que pour bien réciter le saint Rosaire, il faut être en grâce de Dieu ou dans la recherche de cette grâce; il faut que la foi soit forte et constante, c'est-à-dire qu'il ne faut pas chercher dans la pratique du saint Rosaire seulement son goût sensible et sa consolation spirituelle, c'est-à-dire qu'il ne faut pas l'abandonner parce qu'on a une foule de distractions involontaires dans l'esprit, un dégoût étrange dans l'âme, un ennui accablant et un assoupissement presque continuel dans le corps; il n'est pas besoin de goût ni de consolation, ni de soupirs, ni d'élans, ni de larmes, ni d'application continuelle de l'imagination, pour bien réciter son Rosaire. La foi pure et la bonne intention suffisent. "Sola fides sufficit".

12 Rose 36. Le Pater, ou l'Oraison dominicale, tire sa première excellence de son auteur, qui n'est pas un homme ou un ange, mais le Roi des anges et des hommes, Jésus-Christ. "Il était nécessaire, dit saint Cyprien, que Celui qui venait nous donner la vie de la grâce comme Sauveur, nous enseignât la manière de prier comme Maître céleste". La sagesse de ce divin Maître paraît bien dans l'ordre, la douceur, la force et la clarté de cette divine prière; elle est courte, mais elle est riche en instruction, intelligible pour les simples et remplie de mystères pour les savants. Le Pater renferme tous les devoirs que nous devons rendre à Dieu, les actes de toutes les vertus et les demandes de tous nos besoins spirituels et corporels. Elle contient, dit Tertullien, l'abrégé de l'Evangile. Elle surpasse, dit Thomas à Kempis, tous les désirs des saints, elle contient en abrégé toutes les douces sentences des psaumes et des cantiques; elle demande tout ce qui nous est nécessaire; elle loue Dieu d'une excellente manière; elle élève l'âme de la terre au ciel et l'unit étroitement avec Dieu.

37. Saint Chrysostome dit que celui qui ne prie pas comme le divin Maître a prié et enseigné à prier, n'est pas son disciple, et Dieu le Père n'écoute pas agréablement les prières que l'esprit humain a formées, mais bien celles de son Fils, qu'il nous a enseignées. Nous devons réciter l'Oraison dominicale avec certitude que le Père éternel l'exaucera, puisqu'elle est la prière de son Fils, qu'il exauce toujours, et que nous sommes ses membres; car que peut refuser un si bon Père à une requête si bien conçue et appuyée sur les mérites et la recommandation d'un si digne Fils? Saint Augustin assure que le Pater bien récité efface les péchés véniels. Le juste tombe sept fois. L'Oraison dominicale contient sept demandes par lesquelles il peut remédier à ses chutes et se fortifier contre ses ennemis. Elle est courte et facile, afin que, comme nous sommes fragiles et sujets à plusieurs misères, nous recevions un plus prompt secours en la récitant plus souvent et plus dévotement.

38. Désabusez-vous donc, âmes dévotes qui négligez l'Oraison que le propre Fils de Dieu a composée et qu'il a ordonné à tous les fidèles; vous qui n'avez d'estime que pour les prières que les hommes ont composées, comme si l'homme, même le plus éclairé, savait mieux que Jésus-Christ comment nous devons prier. Vous cherchez dans les livres des hommes la façon de louer et de prier Dieu, comme si vous aviez honte de vous servir de celle que son Fils nous a prescrite. Vous vous persuadez que les oraisons qui sont dans les livres sont pour les savants et pour les riches, et que le Rosaire n'est que pour les femmes, pour les enfants et pour le peuple, comme si les louanges et les prières que vous lisez étaient plus belles et plus agréables à Dieu que celles qui sont contenues dans l'oraison dominicale. C'est une dangeureuse tentation que de se dégoûter de l'Oraison que Jésus-Christ nous a recommandée pour prendre les oraisons que les hommes ont composées. Ce n'est pas que nous désapprouvions celles que les saints ont composées pour exciter les fidèles à louer Dieu, mais nous ne pouvons souffrir qu'ils les préfèrent à l'Oraison qui est sortie de la bouche de la Sagesse incarnée, et qu'ils laissent la source pour courir après les ruisseaux, et qu'ils dédaignent l'eau claire pour boire l'eau trouble. Car enfin le Rosaire, composé de l'Oraison dominicale et de la Salutation angélique, est cette eau claire et perpétuelle qui coule de la source de la grâce, tandis que les autres oraisons qu'ils cherchent dans les livres ne sont que de bien petits ruisseaux qui en dérivent.

39. Nous pouvons appeler heureux celui qui, en récitant l'Oraison du Seigneur, en pèse attentivement chaque parole; là il trouve tout ce dont il a besoin, tout ce qu'il peut désirer. Quand nous récitons cette admirable prière, tout d'abord nous captivons le coeur de Dieu en l'invoquant par le doux nom de Père. "Notre Père", le plus tendre de tous les pères, tout- puissant dans la création, tout admirable dans sa conservation, tout aimable dans sa Providence, tout bon et infiniment bon dans la Rédemption. Dieu est notre Père, nous sommes tous frères, le ciel est notre patrie et notre héritage. N'y a-t-il pas là de quoi nous inspirer à la fois l'amour de Dieu, l'amour du prochain et le détachement de toutes les choses de la terre? Aimons donc un tel Père et disons-lui mille et mille fois: "Notre Père qui êtes aux cieux". Vous qui remplissez le ciel et la terre par l'immensité de votre essence, qui êtes présent partout; vous qui êtes dans les saints par votre gloire, dans les damnés par votre justice, dans les justes par votre grâce, dans les pécheurs par votre patience qui les souffre, faites que nous nous souvenions toujours de notre céleste origine, que nous vivions comme vos véritables enfants; que nous tendions toujours vers vous seul par toute l'ardeur de nos désirs. "Que votre nom soit sanctifié". Le nom du Seigneur est saint et redoutable, dit le prophète-roi, et le ciel, suivant Isaïe, retentit des louanges que les séraphins ne cessent de donner à la sainteté du Seigneur, Dieu des armées. Nous demandons ici que toute la terre connaisse et adore les attributs de ce Dieu si grand et si saint; qu'il soit connu, aimé et adoré des païens, des Turcs, des Juifs, des Barbares et de tous les infidèles; que tous les hommes le servent et le glorifient par une foi vive, une espérance ferme, par une charité ardente, et par le renoncement à toutes les erreurs: en un mot, que tous les hommes soient saints parce qu'il est saint lui-même. "Que votre règne arrive". C'est-à-dire que vous régniez dans nos âmes par votre grâce, durant la vie, afin que nous méritions, après notre mort, de régner avec vous dans votre royaume, qui est la souveraine et éternelle félicité, que nous croyons, que nous espérons et que nous attendons, cette félicité qui nous est promise par la bonté du Père, qui nous est acquise par les mérites du Fils et qui nous est révélée par les lumières du Saint-Esprit. "Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel". Sans doute, rien ne peut se dérober aux dispositions de la Providence divine qui a tout prévu, tout arrangé avant l'évènement; nul obstacle ne l'écarte de la fin qu'elle s'est proposée, et quand nous demandons à Dieu que sa volonté soit faite, ce n'est pas que nous craignions, dit Tertullien, que quelqu'un s'oppose efficacement à l'exécution de ses desseins, mais que nous acquiescions humblement à tout ce qu'il lui a plû d'ordonner à notre égard; que nous accomplissions toujours et en toutes choses sa très sainte volonté, qui nous est connue par ses commandements, avec autant de promptitude, d'amour et de constance, que les anges et les bienheureux lui obéissent dans le ciel.

40. "Donnez-nous aujourd'hui notre pain de chaque jour". Jésus-Christ nous enseigne à demander à Dieu tout ce qui est nécessaire à la vie du corps et à la vie de l'âme. Par ces paroles de l'Oraison dominicale, nous faisons l'humble aveu de notre misère et nous rendons hommage à la Providence, en déclarant que nous croyons, que nous voulons tenir de sa bonté tous les biens temporels. Sous le nom de pain nous demandons ce qui est simplement nécessaire à la vie, le superflu n'est point compris. Ce pain nous le demandons aujourd'hui, c'est-à- dire que nous bornons au jour présent toutes nos sollicitudes, nous reposant sur la Providence pour le lendemain. Nous demandons le pain de chaque jour, avouant ainsi nos besoins toujours renaissants et montrant la continuelle dépendance où nous sommes de la protection et du secours de Dieu. "Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés". Nos péchés, disent saint Augustin et Tertullien, sont autant de dettes que nous contractons envers Dieu, et sa justice en exige le paiement jusqu'à la dernière obole. Or nous avons tous ces tristes dettes. Malgré le nombre de nos iniquités, approchons-nous donc de lui avec confiance et disons-lui avec un vrai repentir: Notre Père qui êtes aux cieux, pardonnez-nous les péchés de notre coeur et de notre bouche, les péchés d'action et d'omission qui nous rendent infiniment coupables aux yeux de votre justice, parce qu'en qualité d'enfants d'un père si clément et miséricordieux, nous pardonnons par obéissance et par charité à ceux qui nous ont offensés. Et "ne permettez pas" à cause de notre infidélité à vos grâces, "que nous succombions aux tentations" du monde, du démon et de la chair. Mais "délivrez-nous du mal", qui est le péché, du mal de la peine temporelle et de la peine éternelle, que nous avons méritées. "Ainsi soit-il". Parole d'une grande consolation, qui est, dit saint Jérôme, comme le sceau que Dieu met à la fin de nos requêtes pour nous assurer qu'il nous a exaucés, comme si lui-même nous répondait: Amen!!! Qu'il soit fait comme vous le demandez, vous l'avez obtenu en vérité, car c'est ce que signifie ce mot: Amen.

13 Rose 41. Nous honorons les perfections de Dieu en récitant chaque parole de l'Oraison dominicale. Nous honorons sa fécondité par le nom de Père, qui engendre de toute éternité un Fils qui est Dieu comme vous, éternel, consubstantiel, qui est une même essence, une même puissance, une même bonté, une même sagesse avec vous, Père et Fils, qui, vous aimant, produisez le Saint- Esprit, qui est Dieu comme vous, trois personnes adorables, qui êtes un seul Dieu. Notre Père! C'est-à-dire, Père des hommes par la création, par la conservation et par la rédemption, Père miséricordieux des pécheurs, Père ami des justes, Père magnifique des bienheureux. Qui êtes. Par ces paroles nous admirons l'infinité, la grandeur et la plénitude de l'essence de Dieu, qui s'appelle véritablement Celui qui est, c'est-à-dire, qui existe essentiellement, nécessairement et éternellement, qui est l'Etre des êtres, la cause de tous les êtres; qui renferme éminemment en lui-même les perfections de tous les êtres; qui est dans tous par son essence, par sa présence et par sa puissance, sans y être renfermé. Nous honorons sa sublimité, sa gloire et sa majesté par ces mots: Qui êtes aux cieux, c'est-à-dire assis comme dans votre trône, exerçant votre justice sur tous les hommes. Nous adorons sa sainteté en désirant que son nom soit sanctifié. Nous reconnaissons sa souveraineté et la justice de ses lois, en souhaitant que son règne arrive, et que les hommes lui obéissent sur la terre comme les anges lui obéissent dans le ciel. Nous croyons à sa Providence, en le priant de nous donner notre pain de chaque jour. Nous invoquons sa clémence, en lui demandant la rémission de nos péchés. Nous recourons à sa puissance, en le priant de ne pas nous laisser succomber à la tentation. Nous nous confions à sa bonté, en espérant qu'il nous délivrera du mal. Le Fils de Dieu a toujours glorifié son Père par ses oeuvres; il est venu au monde pour le faire glorifier des hommes; il leur a enseigné la manière de l'honorer, par cette oraison qu'il a daigné nous dicter lui-même. Nous devons donc la réciter souvent avec attention et dans le même esprit qu'il l'a composée.

14 Rose 42. Lorsque nous récitons attentivement cette divine Oraison, nous faisons autant d'actes des plus nobles vertus chrétiennes que nous prononçons de paroles. En disant: Notre Père qui êtes aux cieux, nous formons des actes de foi, d'adoration et d'humilité. En désirant que son nom soit sanctifié et glorifié, nous faisons paraître un zèle ardent pour sa gloire. En lui demandant la possession de son royaume, nous faisons un acte d'espérance. En souhaitant que sa volonté soit accomplie sur la terre comme dans le ciel, nous montrons un esprit de parfaite obéissance. En lui demandant notre pain de chaque jour, nous pratiquons la pauvreté d'esprit et le détachement des biens de la terre. En le priant de nous remettre nos péchés, nous faisons un acte de repentir. Et en pardonnant à ceux qui nous ont offensés, nous exerçons la miséricorde dans la plus haute perfection. En lui demandant son secours dans les tentations, nous faisons des actes d'humilité, de prudence et de force. En attendant qu'il nous délivre du mal, nous pratiquons la patience. Enfin, en demandant toutes ces choses, non seulement pour nous, mais encore pour notre prochain et pour tous les membres de l'Eglise, nous faisons le devoir des vrais enfants de Dieu, nous l'imitons dans sa charité qui embrasse tous les hommes et nous accomplissons le commandement de l'amour du prochain.

 

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Commentaires (4)

1. marie irene gohoun 16/08/2011

que patrick adolphe soit plus présent à la maison et que claude michel se calme qu'il soit plus réfléchi et plus sincère parce qu'il me doit de l'argent qu'il ne m'a pas encore remboursé. la grâce de la prière pour claude michel aussi

par votre intercession éloignez de patrick adolphe tous les amis et les amies qui ne sont pas positifs à son égard. Donnez lui la grâce d'être converti aux choses de Dieu et à obtenir la grâce de la prière

2. marie irene gohoun 16/08/2011

priez pour que mon fils patrick adolphe soit plus calme et obéissant envers ses parents et son frère claude michel

3. n'guessan kouassi dider stéphane 14/10/2010

BONJOURS A TOUS

4. chevreton 20/07/2010

bonjour recherche un petre exorcise ortodoxe sur dinan portable à0623776341 PIERRE

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